En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation de services tiers pouvant installer des cookies. En savoir plus

Voir les sujets non lus
Marquer tous les sujets comme lus
Accéder aux archives

  • 60 sujets
  • 410 réponses

21 mars 2016 - 16:16

Étant toujours au chômage, j'ai à nouveau assisté à un atelier du louvre. Celui-ci a eu lieu samedi 19 et dimanche 20 après-midi et portait sur les techniques d'impression.

L'ensemble de ces techniques permet de réaliser ce qu'on appelle des estampes, c'est-à-dire l'impression sur un support d'un motif encré sur une matrice. Les estampes comprennent entre autre la lithographie et le monotype que nous avons mis en pratique dans cet atelier.

L'ancêtre des estampes sont les sceaux cylindriques, des petits cylindres, généralement en pierre, gravé de motifs mythologiques ou de chasses, qui étaient utilisé en Mésopotamie au 4100–3300 av. J.-C. pour marquer, par exemple, l'identité d'un propriétaire de troupeaux en l'imprimant sur une tablette d'argile fraiche.


Sceau-cylindre et son empreinte, représentant une scène mythologique : Assur attaquant un monstre est acclamé par une déesse. Stéatite, Assyrie, IXe-VIIIe siècle av. J.-C. Trouvé sur Wikipédia.


Au fil des périodes, sont ensuite apparues différentes techniques d'estampes :

- La gravure sur bois de fil ou bois de bout, encore appelée xylographie. L'encre se dépose sur un relief, taillé au burin, avant d'être apposé sur le support à l'aide d'une presse. La linogravure(technique moderne) repose sur la même idée.

Exemple : Albert Dürer, Rhinocéros :


- La gravure sur métal. Le métal est taillé avec une pointe sèche et l'encre se loge dans les sillons. On imprime avec une presse.

Exemple : Rembrant, Grande descente de la Croix, gravure sur cuivre :

Antoine van Dyck, Lucas Vorsterman l’Ancien, eau-forte, 2e état sur 7 :

Une eau forte, si j'ai bien compris, c'est en fait une gravure surmontée d'une couche de cellophane et ensuite trempée dans un bain d'acide plus ou moins longtemps pour donner les nuances.

- La lithographie. Technique récente apparue au XIXème siècle. Il s'agit de dessiner sur une pierre et d'imprimer ce dessin encré sur un support avec une presse à poings.

- Le pochoir ou la sérigraphie. Il s'agit de projeter de l'encre à travers une maille, ce qui permet de faire apparaitre le dessin sur le support.

- Le monotype. Il diffère des autres estampes du fait qu'un seul tirage soit possible. En bref, le dessin est fait à l'encre sur une surface, puis directement imprimé sur une feuille avec une pression manuelle.

- Le cliché manuel sur verre. Apparue au XIXème siècle. Un dessin encré est réalisé sur une plaque de verre et celui-ci est ensuite reporté sur un papier photosensible.
Exemple : COrot

Dans tous les cas, l'encre utilisée doit être très grasse. Généralement elle résulte d'un mélange de noir de fumé, de gomme, de musc et de camphre.

>>> A propos des monotypes :

La technique a été inventée par un peintre italien, Giovanni Benedetto Castiglione. Elle se décline en trois techniques :

- La technique dite directe. Il s'agit "tout simplement" de peintre à l'encre son dessin et de l’imprimer sur une feuille. Cette technique permet de le faire plusieurs fois de suite, par exemple en commençant avec le paysage, avant de faire une seconde impression sur le même support pour les personnages.

Je n'ai pas trouvée d'image où je sois sure que ce soit cette technique pour l'illustrer :s

- La technique dite réductrice. Largement utilisée par Degas. On encre une plaque à laquelle on enlève de l'encre ensuite à l'aide de pinceaux ou chiffon avant d'imprimer la plaque sur le support papier. Il faut être très rapide pour que l'encre ne sèche pas.


Woman Reading, monotype d'Edgar Degas, 1885.


Degas avait également une particularité : il effectuait souvent un second tirage de ses monotypes. Comme ils étaient très pale, il les mettait en couleur avec du pastel.

- La technique de Gauguin. On encre totalement la matrice sur laquelle on pose le support papier puis on dessine sur le support papier. En fonction de la force que l’on donne à notre mouvement, ou de l’outil utilisé, ça peut donner des choses très sympa.


Femme tahitienne, Gauguin.

Femme assise, Gauguin.


Lors de l’atelier, nous avons mis en pratiques les 3 techniques à partir d’un croquis que nous avons réalisé. Pour cela, j’ai choisi un paysage de Monet : Glaçons sur la Seine à Bougival :



Sur la photo suivante, on voit mon croquis (qui a un pb d’horizon ^^), la technique directe sur sa gauche, la technique réductrice en dessous (purée sur c est dur a enlever l’encre pour faire des glaçons bien blancs ^^), un deuxième essai sur la droite, et enfin la technique de Gauguin.



Globalement, ce sont des techniques grisantes et accessibles. J’ai d’ores et déjà acheté des plaques de Rhénalon pour m’entrainer chez moi :)

>>> A propos de la lithographie :

La technique a été inventée par Aloys Senefelder qui cherchait un moyen d’imprimer lui-même les pièces de théâtre qu’il écrivait.

Le principe de cette technique repose sur le fait que matière grasse et matière aqueuse ne se mélange pas. Tout d’abord, on dessine avec une craie grasse (une craie lithographique tout bêtement) sur une pierre calcaire (lors de l’atelier du marbre. Puis on enlève le dessin avec un mélange de gomme d’arabique et d’acide nitrique. Seul le gras de la craie reste et « s’imprime » sur la pierre. Pour aider à la réaction chimique, on peut aussi talquer la pierre avant. Il faut ensuite nettoyer tout cela à l’essence de térébenthine. Ça finit d’enlever la pellicule de craie. La matrice est prête et peut être conservée en y apposant une couche de gomme d’arabique.



Pour imprimer le dessin, il faut encrer la pierre en alternant mouillage et encrage à l’aide d’un rouleau, puis poser le support papier et appuyer avec une presse à poing.

Pour travailler en couleur, il faut une pierre par couleur, et surtout une presse bien plus performante qu’une presse à poing : il ne faut pas manuellement placer le support papier, au risque de tout décaler.

Je ne vous propose pas d’images pour la lithographie car je pense qu’on voit tous ce que c’est, et la conférencière nous a donné énormément de nom. Je ne saurais choisir : Géricot, Goya, Paul Huet, Daumier, Degas, Fantin Latour, Toulouse Lautrec, Maurice Denis, etc. Je vais peut être simplement vous parler de la série des taureaux de Picasso ?



Cette série est intéressante car Picasso fait l’inverse que ce qu’on fait normalement : il est parti d’un dessin complexe et réaliste pour arriver à une forme épurée. Et tout cela en lithographie. Il modifiait petit à petit sa pierre, pour finalement ne laisser qu’un trait très expressif.

Pour l’atelier, nous avons du choisir un modèle dans les tableaux exposés au Louvre et en faire un croquis rapide pour avoir un modèle. J’ai choisi Les tanneries de Mantes de Corot :



Sur la matrice (la pierre), ça donne ca :


Nous avons fait un premier tirage de 3 œuvres, puis nous avons modifié le dessin sur la matrice pour faire un second tirage. On parle alors de changement d’état. Voici les résultats :

Premier état :

On devait humidifier la pierre avant l’impression pour être sure qu’elle adhère, mais je trouve que ça fait de drôle d’effets sur le rendus. J’aime pas trop trop :s

Second état :


On a essayé d’ajouter des pointes de couleurs sur le dernier tirage, directement à la gouache et sur la pierre, mais ça ne rend pas très très bien ^^


I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass [...] through me. And [then] only I will remain.
  • 16 sujets
  • 255 réponses

Message posté le 14:02 - 25 mars 2016

C'est vraiment un article intéressant, c'est chouette de ta part de partager ce que tu as appris à tes cours au Louvre. Je me rappelle avoir été plus d'une fois surprise par la beauté et la précision d'estampes que j'ai découvert dans les musées parisiens à l'époque où j'y étudiais. Il y en avait une particulièrement, qui n'est resté qu'à moitié imprimée dans ma tête, que je n'avais pas réussi à retrouver mais dont je me souviens encore : j'avais cru halluciner en voyant cette estampe absolument majestueuse.

Du coup, j'avais cherché un peu quelle était la technique mais c'est finalement difficile de se rendre compte des gestes, là encore avec tes explications je n'arrive pas à bien me représenter les étapes du processus, mais ça a l'air passionnant. Tes essais sur le Corot sont beaux à voir (surtout le "premier état").

Merci encore pour cet article-témoignage ;)


  • 119 sujets
  • 1319 réponses

Message posté le 16:49 - 25 mars 2016

Oh oui ! Je n'ai pas précisé ici combien cet article m'avait intéressé. L'estampe et les monotypes sont des techniques assez inconnues pour moi et les découvrir ainsi est interessant. Un jour j'essayerais bien... Il nous faudrait un week-end d'art plastique.


  • 60 sujets
  • 410 réponses

Message posté le 17:47 - 25 mars 2016

Je peux organiser une initiation au monotype pour l'IRL en aout !


I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass [...] through me. And [then] only I will remain.
^